lundi 20 juin 2011

PROCHAINE CONFERENCE LE JEUDI 30 JUIN 2011

  "La France et le Mexique unis face au changement climatique"

conférence en français du cycle « Le monde dans tous ses états ». 

par Jean Thèves, attaché de Coopération scientifique à l’Ambassade de France et Axel Gastambide, conseiller sur les enjeux globaux à l’Ambassade de France


Changement climatique : climat et effet de serre




"Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements" (Charles Darwin).

Le climat

Le climat se définit comme une description des moyennes et des extrêmes météorologiques en un endroit limité. Le climat est naturellement variable comme en témoigne l'irrégularité des saisons d'une année sur l'autre.
Cette variabilité est normale, et tient aux fluctuations des courants océaniques, aux éruptions volcaniques, au rayonnement solaire et à d'autres composantes du système climatique encore partiellement incomprises. De plus, notre climat aussi a ses extrêmes (comme les inondations, sécheresses, grêle, tornades et ouragans), qui peuvent devenir dévastateurs.
Cependant, depuis quelques décennies, un certain nombre d'indicateurs et d'études montrent que le climat se réchauffe à l'échelle du globe... Un phénomène inquiétant qui nous interpelle sur nos activités massivement émettrices en gaz à effet de serre.

Carotte de glaceHistorique et découvreurs

En 1824, Joseph FOURIER, physicien français, surnomme "effet de serre" le phénomène démontré par Horace Bénédict DE SAUSSURE à la fin du 18ème siècle : la température sur Terre est accrue par l'atmosphère qui piège une partie du rayonnement infrarouge émis par la Terre.
Svante ARRHENIUS annoncait dès 1896, qu'en brûlant le charbon, les hommes allaient réchauffer la planète via un effet de serre renforcé et fût donc le premier à mettre en évidence le risque de réchauffement climatique. Il indiquait déjà avec beaucoup de clairvoyance que le doublement de la concentration en dioxyde de carbone dans l'atmosphère devrait entraîner l'augmentation de la température de 4°C à 6°C.
En 1958, Charles David KEELING commence à mesurer les Carotte glaciaire prélevée sur le site de Dome Concordia
© CNRS concentrations de CO2 sur le volcan Mauna Loa à Hawaï : elles sont alors de 315 ppm puis de 330 ppm en 1974 : preuve locale d'une augmentation de la concentration en CO2.
En 1979, l'Académie nationale des sciences américaine lance la première étude rigoureuse sur le réchauffement de la planète. Le comité Charney qui en eu la charge concluait déjà que " si les émissions de dioxyde de carbone continuent d'augmenter, le groupe d'étude ne voit aucune raison de douter que des changements climatiques en résulteront, et aucune raison de penser que ces changements seront négligeables ".
Au début des années 80, le glaciologue grenoblois Claude LORIUS entreprit une coopération avec ses collègues soviétiques de la station Vostok, installée au coeur de l'Antarctique. En 1985, les foreurs russes parviennent à extraire des carottes de glace jusqu'à un kilomètre de profondeur. Publiées en 1987, leur analyse réalisée à Grenoble et à Saclay par les équipes de Dominique RAYNAUD et Jean JOUZEL, démontre que, depuis cent mille ans, il existe une corrélation étroite entre températures moyennes et teneurs en gaz à effet de serre.
En 1999, la démonstration s'est étendue aux 400 000 dernières années. Sur cette période, jamais la teneur en gaz à effet de serre n'a atteint les valeurs actuelles. Enfin, en 2008 confirmation a été apportée sur une période de 800 000 ans....
Depuis 1988, plusieurs milliers de chercheurs internationaux se sont réunis sous l'égide des Nations Unies pour constituer le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) ou IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) afin de travailler sur ce bouleversement global (planétaire) et rapide.

Comprendre l'effet de serre

L'effet de serre est un phénomène naturel, indispensable à la vie sur Terre et qui assure une température moyenne de +15°C environ au lieu de -19 °C. En fait, une température de -19°C ferait geler les océans, ce qui augmenterait considérablement leur albédo (pouvoir réflecteur) faisant chuter les températures autour de -100°C...
La Terre reçoit la majeure partie de son énergie du soleil (principalement sous forme de lumière visible), une partie est directement réfléchie, une autre absorbée et une dernière rayonnée sous forme d'infrarouges (rayonnement thermique) par notre planète. Le rayonnement infrarouge émis par la Terre est en partie intercepté par les gaz à effet de serre de l'atmosphère terrestre tandis que le reste est diffusé vers l'espace.
Un gaz à effet de serre est donc relativement transparent à la lumière du soleil mais capable d'absorber une partie du rayonnement thermique de la Terre. Ta Terre équilibre le rayonnement solaire entrant par l'émission de rayonnement thermique. La présence de substances à effet de serre limite le rafraîchissement par rayonnement thermique et amène donc à un certain réchauffement (Richard Lindzen).
Ainsi, la vapeur d'eau, le méthane, le dioxyde de carbone et le protoxyde d'azote, qui sont les principaux gaz à effet de serre (GES) contribuent à piéger l'énergie renvoyée, augmentant la température moyenne de la Terre. En effet, ce sont les gaz à structure polyatomique (au moins 3 atomes) qui retiennent le rayonnement infrarouge au contraire des molécules diatomiques (99% de l'atmosphère) qui ont une structure trop simple.
Notons le double rôle des nuages dans l'effet de serre : vis-à-vis du rayonnement solaire, les nuages agissent principalement comme un parasol qui renvoie vers l’espace une grande partie des rayons du Soleil. Le pouvoir réfléchissant, ou albédo, des nuages épais à basse altitude, est ainsi très élevé, de l'ordre de 80%. Par contre, les cirrus qui sont des nuages d'altitude constitués de cristaux de glace, ont un effet parasol très faible puisqu’ils sont transparents mais participent fortement à l'effet de serre.
Bilan radiatif Le bilan radiatif et sa perturbation anthropique : estimation de l’impact de l’effet de serre et de l’effet parasol sur le bilan énergétique de la Terre.
Source : CNES, 04/2006
Les températures moyennes du globe (mesurées à 2 m au-dessus du sol sous abri) sont de : +15,1 °C en moyenne (régions polaires : -20°C, tempérées +11°C, équatoriales : +26°C).
Sur Mars où l'atmosphère est tenue et donc l'effet de serre absent, la température moyenne est de -50°C. Sur Vénus, où l'atmosphère est très chargée en gaz carbonique, la température moyenne est de +420°C. Nous comprenons donc que les concentrations en gaz à effet de serre sur Terre ont permis l'apparition des formes de vie que nous connaissons qui sont sensibles aux températures.

La girouette du changement climatique



Chaque jour, des millions d'entre nous allument leur téléviseur pour découvrir les prévisions météorologiques. Un réseau de présentateurs météo européens font appel à la confiance accordée par le public à leur profession et utilisent leur influence auprès des téléspectateurs pour les sensibiliser au changement climatique.
La principale différence entre la météo et le climat réside dans le temps: alors que la météo couvre de petites périodes, le climat en couvre quant à lui de plus importantes. Le lien étroit existant entre ces deux éléments implique que les météorologues sont bien placés pour faire progresser le débat sur le changement climatique – et c'est précisément ce qui est en train de se produire.
Des présentateurs météo de toute l'Europe mettent à profit leur statut de personnalité publique et leur crédibilité pour sensibiliser l'opinion à l'un des plus grands défis auxquels notre monde se trouve actuellement confronté. Citons notamment Jill Peeters, présentatrice météo de la VTM, une chaîne de télévision commerciale flamande en Belgique. Non seulement elle avertit les téléspectateurs des percées dans la couverture nuageuse et des éclaircies dans une Belgique réputée pluvieuse, mais elle s'est également forgé une réputation de militante contre le changement climatique.
Mme Peeters a également publié un ouvrage fort populaire, intitulé Onze planet wordt heet (Notre planète se réchauffe). Elle écrit régulièrement des articles sur le réchauffement climatique pour la presse flamande et a produit des documentaires dans le domaine du climat.
Son livre a reçu un accueil enthousiaste. "Lorsque mon livre est paru, il s'est classé parmi les dix meilleures ventes en Flandre, un résultat des plus satisfaisants pour un livre traitant d'un sujet scientifique si complexe. Et les réactions sont toujours très positives", explique-t-elle.
La présentatrice météo flamande a également attiré l'attention sur les conséquences moins connues du changement climatique. Elle a notamment produit un documentaire sur la tribu des El Molo, qui vit de la pêche sur le lac Turkana au Kenya. Leur survie est actuellement menacée par la baisse des eaux du lac, imputable au réchauffement climatique et à l'endiguement.
"Il est incroyable de constater le nombre de gens qui ont été touchés par cette histoire. Ce documentaire a fait pénétrer le réchauffement climatique dans leur salon", se souvient-elle. "Je suis persuadée que ce n'est qu'avec ce type de récit personnel que nous pouvons changer l'opinion publique."

Conscientiser le public

En République tchèque, Taťána Míková, qui travaille pour la télévision publique tchèque, utilise également son temps d'antenne météo pour faire passer le message à propos du changement climatique. Pendant la semaine, elle examine chaque jour la météo mondiale au cours d'un programme de dix minutes qui explique les changements relatifs à la fréquence des événements climatiques extrêmes et étudie les altérations du climat au cours des cent dernières années, et plus particulièrement des deux dernières décennies. Elle prépare également des rapports sur le changement climatique pour un programme éducatif et donne des conférences publiques à ce sujet.
Le travail de Mme  Míková est fort bien accueilli par les téléspectateurs et les personnes qui assistent à ses conférences. "Entre les lettres et les courriers électroniques des spectateurs que je reçois aujourd'hui et ceux que je recevais il y a cinq ans, je constate une énorme différence", déclare-t-elle. Et elle a pu se rendre compte à quel point le débat a commencé à affecter les comportements. "Certaines personnes m'écrivent ou me racontent de quelle façon elles recyclent leurs déchets et modifient leur consommation énergétique et les statistiques indiquent également que les gens ont commencé à changer de comportement."
"Il reste encore toutefois beaucoup à faire", ajoute-t-elle, "dans la mesure où le débat sur le changement climatique n'a pas encore véritablement pénétré dans la conscience du public tchèque. Lors de mes conférences, je rencontre des personnes bénéficiant d'un très bon niveau d'instruction et de bonnes connaissances à propos de ce problème. Mais il existe également de nombreuses personnes dans mon pays qui n'en ont probablement jamais entendu parler – ou qui ne veulent pas en entendre parler", souligne-t-elle.
Mme Míková n'est, pour sa part, pas une nouvelle venue dans le domaine du changement climatique. Cela fait maintenant dix ans qu'elle s'implique dans le programme climatique national de son pays et, entre 2003 et 2006, elle a fait partie d'une équipe travaillant à la production d'un atlas climatique de la République tchèque.

L'énergie de la jeunesse


En Irlande, Gerald Fleming – qui travaille pour le service météorologique national et est à la tête de l'équipe météo de la RTÉ, la télévision publique irlandaise – consacre une bonne partie de ses efforts à toucher les jeunes. "Je travaille beaucoup avec les écoliers. Je leur explique que c'est ma génération qui est responsable de ce problème, mais qu'il incombera à la leur de trouver une solution", déclare-t-il. Il espère que son influence sur les plus jeunes contribuera à "faire progresser la lutte contre ce défi".
De surcroît, le réchauffement climatique est devenu partie intégrante des émissions de son équipe météo. "Lors de nos bulletins météo réguliers, nous fournissons au public des statistiques de fin de mois et de fin de saison (jours les plus humides, les plus venteux, les plus chauds, etc.); nous avons en effet le sentiment que cela nous aide à maintenir l'accent sur le climat", précise-t-il.
M. Fleming cherche également à traduire la sensibilisation générale en un appel au ralliement et à l'action. "La population irlandaise est fort consciente du problème, mais je pense que cette conscientisation est limitée à une connaissance générale de cette problématique. Je ne crois pas que l'Irlandais moyen soit vraiment conscient des changements sociétaux nécessaires pour lutter sérieusement contre ce problème", remarque-t-il.

Exploiter le vent du changement


M. Fleming et Mmes Míková et Peeters sont tous membres du réseau européen des météorologues (Climate Broadcasters Network – Europe, ou CBN-E; www.cbn-e.eu), mis sur pied en 2007 par la direction générale de l'environnement de la Commission européenne pour favoriser les rencontres entre météorologues engagés et encourager l'échange de savoir-faire de communication sur le changement climatique. Son principal objectif est de permettre aux présentateurs météo et aux météorologues d'expliquer les effets du changement climatique aux citoyens, ainsi que les éléments scientifiques qui les étayent, mais aussi les actions qui peuvent être entreprises pour limiter le réchauffement climatique et s'y adapter.
"Notre défi est d'utiliser la crédibilité dont nous bénéficions auprès des téléspectateurs pour les aider à croire au changement climatique et à le comprendre, mais aussi à agir en conséquence", souligne M. Fleming. "Le travail d'autres collègues dans toute l'Europe m'a incité à m'investir plus pour sensibiliser l'opinion irlandaise, et m'a offert de nombreux exemples pratiques de moyens et méthodes utilisables pour faire passer le message dans mon pays."
Comme l'explique Mme Peeters: "le réseau CBN-E me permet de partager mes expériences de communication à propos du réchauffement climatique avec des collègues". Et Mme Míková d'ajouter que le CBN-E l'a aidée à en apprendre davantage sur le changement climatique, à communiquer avec des collègues et à partager des expériences avec eux. Et il s'agit là d'un élément essentiel dans le monde en constante évolution du changement climatique. "Chaque année apporte son lot de nouveaux faits. Il nous faut donc être toujours au courant et pouvoir en parler d'une façon compréhensible pour le public", explique Mme Míková.

 

Le changement climatique




Le changement climatique.
Film réalisé à l'occasion du lancement du satellite d'océanographie Jason-2 le 20 juin 2008.

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