lundi 18 juin 2012

L'assouplissement de la politique migratoire des Etats-Unis

Aujourd'hui, dans le journal Courrier international, est paru un article de Michelle Goldberg, originellement écrit pour The Daily Beast. Cet article commente la politique migratoire menée par l'équipe de Barack Obama. Dans un premier temps, elle fut très sévère, stricte et fermée. Depuis peu, elle devient plus souple et, par conséquent, plus favorable aux Latino-américains. 
Pour en savoir plus, lire l'article ci-dessous :

IMMIGRATION

Obama drague les latinos

Après avoir procédé à un nombre record d'expulsions depuis son entrée en fonction, le président américain a fait volte-face et pris un décret pour faciliter la régularisation des jeunes sans papiers. De quoi raviver sa popularité auprès des électeurs latinos.
18.06.2012 | Michelle Goldberg | The Daily Beast
dessin de Signe Wilkinson, Etats-Unis.
Dessin de Signe Wilkinson, Etats-Unis.

Ces derniers temps, de nombreux électeurs et militants latinos ne cachaient plus leur colère contre la politique du président Obama en matière d'immigration. Luis Gutiérrez, l'un des premiers élus d'origine latino-américaine à avoir soutenu la candidture de Barack Obama en 2008, a été arrêté deux fois devant la Maison-Blanche alors qu'il demandait la mise en œuvre du Dream Act, un projet de loi qui permettrait d'accorder la nationalité américaine aux jeunes militaires ou diplômés de l'enseignement supérieur arrivés illégalement sur le territoire des Etats-Unis pendant leur enfance.
Lors de la conférence Netroots Nation qui rassemble des militants de gauche et s'est tenue du 7 au 10 juin dernier, Gaby Pacheco, qui milite pour le Dream Act, a déclaré que les électeurs latinos devaient arrêter de croire que le président les soutenaient réellement. Des groupes d'immigrés en situation irrégulière, qui se sont autoproclamés les Dreamers [les rêveurs], ont organisés des sit-in devant les bureaux de campagne de Barack Obama.
400 000 expulsions par an sous l'administration Obama
Rien d'étonnant à cela : depuis son entrée en fonction, le président américain a en effet autorisé un nombre record d'expulsions, presque 400 000 par an. "Nous étions vraiment furieux, nous avions l'impression de nous heurter à un mur," explique Frank Sharry, qui dirige America's Voice, un groupe qui lutte pour des réformes favorables à l'immigration. Et beaucoup commençaient à évoquer la possibilité que les latinos ne votent pas pour Barack Obama le 6 novembre prochain.
Nous venons toutefois d'assister à un revirement de situation. Peu de temps après avoir annoncé publiquement qu'il soutenait le mariage homosexuel, ce qui a galvanisé les électeurs de la communauté gay, le président américain a pris, le 15 juin, un décret qui permet de protéger les jeunes immigrés clandestins qui remplissent les conditions pour rester aux Etats-Unis en vertu du Dream Act. Cette décision a enchanté les militants pro-immigration. Luis Gutiérrez a aussitôt écrit sur Twitter qu'il était "ravi et fier qu'[Obama] ait pris des mesures". De son côté, Frank Sharry a déclaré que cette mesure était "la plus radicale depuis 25 ans" et qu'elle "permettrait de régulariser plus de personnes qu'à n'importe quel moment depuis 1986", date à laquelle le président Ronald Reagan avait promulgué une loi d'amnistie pour les immigrés.
Dans le cadre du décret de Barack Obama, les jeunes remplissant les conditions pour bénéficier de la protection du Dream Act peuvent recevoir un permis de travail et éviter toute expulsion pendant deux ans et ces garanties sont renouvelables. "Au moins 800 000 personnes seront concernées par cette mesure, cela ne fait aucun doute," affirme Frank Sharry. Pour les jeunes ambitieux qui sont piégés dans les limbes juridiques du pays dans lequel ils ont grandi, ce décret constitue un véritable tournant. Par ailleurs, ce texte pourrait faire la différence lors de l'élection présidentielle du 6 novembre prochain.
Ce sont les Hispaniques qui choisiront le prochain président
Les électeurs latinos pourraient avoir une influence non négligeable sur le résultat du scrutin dans les Etats clefs, susceptibles de faire basculer l'élection. Selon un rapport du Pew Hispanic Center, les électeurs latino-américains représentaient 41 % de l'électorat du Nouveau Mexique en 2008, ainsi que 15 % dans le Nevada et 13 % dans le Colorado. Dans l'Arizona, ils constituaient 16 % des électeurs. La plupart des sondages montrent qu'une majorité de latinos continue de soutenir le président sortant, mais ces derniers mois, des doutes commençaient à émerger sur le taux de participation électorale de la communauté latino.
Le Dream Act, qui est soutenu par près de 90 % des électeurs latinos, est très souvent abordé par la presse hispanophone, tout comme la politique d'Obama en matière d'expulsion. Selon Justin Gross, certains électeurs étaient désabusés : "leur choix se résumait soit à voter pour le républicain Mitt Romney, qui dit qu'il veut tous nous expulser, soit à voter pour Obama, qui expulse déjà tout le monde".
Qui plus est, la décision de Barack Obama met son rival républicain Mitt Romney en difficulté. Les ultra-conservateurs sont furieux et selon toute probabilité, ils feront promettre à Mitt Romney d'annuler le décret d'Obama s'il est élu. Les républicains plus modérés, toutefois, admettent qu'il est dangereux de se mettre à dos le segment de la population qui croît le plus rapidement. Quant aux conservateurs évangéliques, ils sont de plus en plus nombreux à soutenir une réforme des lois sur l'immigration pour des raisons morales.
La décision de Barack Obama est non seulement juste, mais elle est également très stratégique d'un point de vue politique. "Le président a enfin compris qu'au sujet de l'immigration, il peut prendre des mesures audacieuses et diviser le parti républicain, explique Frank Sharry. C'est un nouveau paradigme !"

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