Aujourd'hui, dans le journal Courrier international, est paru un article de Michelle Goldberg, originellement écrit pour The Daily Beast. Cet article commente la politique migratoire menée par l'équipe de Barack Obama. Dans un premier temps, elle fut très sévère, stricte et fermée. Depuis peu, elle devient plus souple et, par conséquent, plus favorable aux Latino-américains.
Pour en savoir plus, lire l'article ci-dessous :
IMMIGRATION
Obama drague les latinos
Après avoir procédé à un nombre record d'expulsions
depuis son entrée en fonction, le président américain a fait volte-face
et pris un décret pour faciliter la régularisation des jeunes sans
papiers. De quoi raviver sa popularité auprès des électeurs latinos.
18.06.2012 | Michelle Goldberg | The Daily Beast
Ces derniers temps, de nombreux
électeurs et militants latinos ne cachaient plus leur colère contre la
politique du président Obama en matière d'immigration. Luis Gutiérrez, l'un des
premiers élus d'origine latino-américaine à avoir soutenu la candidture de Barack Obama en 2008, a
été arrêté deux fois devant la Maison-Blanche alors qu'il demandait la mise en œuvre
du Dream Act, un projet de loi qui permettrait d'accorder la nationalité américaine aux
jeunes militaires ou diplômés de l'enseignement supérieur arrivés illégalement
sur le territoire des Etats-Unis pendant leur enfance.
Lors de la
conférence Netroots Nation qui rassemble des militants de gauche et
s'est tenue du 7 au 10 juin dernier, Gaby Pacheco, qui
milite pour le Dream Act, a déclaré que les électeurs latinos devaient
arrêter de
croire que le président les soutenaient réellement. Des groupes
d'immigrés en
situation irrégulière, qui se sont autoproclamés les Dreamers [les
rêveurs], ont
organisés des sit-in devant les bureaux de campagne de Barack Obama.
400 000 expulsions par an sous l'administration Obama
Rien d'étonnant à cela : depuis son entrée en fonction, le président
américain a en effet
autorisé un nombre record d'expulsions, presque
400 000 par an. "Nous étions vraiment furieux, nous avions l'impression
de nous heurter à un mur," explique Frank Sharry, qui
dirige America's Voice, un groupe qui lutte pour des réformes favorables
à l'immigration. Et beaucoup commençaient à évoquer la possibilité que
les latinos ne votent pas pour Barack Obama le 6 novembre prochain.
Nous venons toutefois d'assister à un
revirement de situation. Peu de temps après avoir annoncé publiquement qu'il soutenait
le mariage homosexuel, ce qui a galvanisé les électeurs de la communauté
gay, le président américain a pris, le 15 juin, un décret qui permet de
protéger les jeunes immigrés clandestins qui remplissent les conditions pour rester aux Etats-Unis
en vertu du Dream Act. Cette décision a enchanté les militants pro-immigration. Luis Gutiérrez
a aussitôt écrit sur Twitter qu'il était "ravi
et fier qu'[Obama] ait pris des mesures".
De son côté, Frank Sharry a déclaré que cette mesure était "la plus radicale
depuis 25 ans" et qu'elle "permettrait de régulariser plus de personnes qu'à n'importe
quel moment depuis 1986", date à laquelle le président Ronald Reagan avait promulgué
une loi d'amnistie pour les immigrés.
Dans
le cadre du décret de Barack Obama, les jeunes remplissant les conditions pour
bénéficier de la protection du Dream Act peuvent recevoir un permis de travail
et éviter toute expulsion pendant deux ans et ces garanties sont
renouvelables. "Au moins 800 000 personnes seront concernées par cette
mesure, cela ne fait aucun doute," affirme Frank Sharry. Pour les jeunes
ambitieux qui sont piégés dans les limbes juridiques du pays dans lequel ils
ont grandi, ce décret constitue un véritable tournant. Par ailleurs, ce
texte pourrait faire la différence lors de l'élection présidentielle du 6 novembre prochain.
Ce sont les Hispaniques qui choisiront le prochain président
Les électeurs latinos pourraient avoir une influence non négligeable sur
le résultat du scrutin dans les Etats clefs, susceptibles de faire basculer l'élection.
Selon un rapport du Pew Hispanic Center, les électeurs latino-américains représentaient
41 % de l'électorat du Nouveau Mexique en 2008, ainsi que 15 % dans
le Nevada et 13 % dans le Colorado. Dans l'Arizona, ils constituaient
16 % des électeurs. La plupart des sondages montrent qu'une majorité
de latinos continue de soutenir le président sortant, mais ces derniers
mois, des doutes commençaient à émerger sur le taux de participation électorale de la communauté latino.
Le Dream Act, qui est soutenu par près de 90 % des électeurs latinos,
est
très souvent abordé par la presse hispanophone, tout comme la politique
d'Obama
en matière d'expulsion. Selon Justin Gross, certains électeurs étaient
désabusés :
"leur choix se résumait soit à voter pour le républicain Mitt Romney,
qui dit qu'il veut tous nous expulser, soit à voter pour Obama, qui
expulse déjà tout le monde".
Qui plus est, la décision de Barack Obama met son rival républicain
Mitt Romney en difficulté. Les ultra-conservateurs sont furieux et selon
toute probabilité, ils feront
promettre à Mitt Romney d'annuler le décret d'Obama s'il est élu. Les
républicains plus modérés, toutefois, admettent qu'il est dangereux de
se mettre à dos le segment
de la population qui croît le plus rapidement. Quant aux conservateurs
évangéliques, ils sont de plus en plus nombreux à soutenir une réforme
des lois
sur l'immigration pour des raisons morales.
La
décision de Barack Obama est non seulement juste, mais elle est
également très stratégique d'un point de vue politique. "Le président a
enfin compris qu'au sujet
de l'immigration, il peut prendre des mesures audacieuses et diviser le
parti
républicain, explique Frank Sharry. C'est un nouveau paradigme !"
Sources : Courrier International
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